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Digital Learning : l’heure de vérité !

Depuis vingt ans, le digital tente de s’imposer en formation. En premier pour des raisons économiques, puis ensuite pour répondre aux besoins de masse, mais peu pour répondre à une attente exprimée par les apprenants. Cette année, ce fut « ça ou rien ! », et cette situation risque de durer. Alors, pour que cette obligation temporaire devienne […]

Depuis vingt ans, le digital tente de s’imposer en formation. En premier pour des raisons économiques, puis ensuite pour répondre aux besoins de masse, mais peu pour répondre à une attente exprimée par les apprenants. Cette année, ce fut « ça ou rien ! », et cette situation risque de durer. Alors, pour que cette obligation temporaire devienne une alternative durable et acceptée, il va falloir convaincre de l’efficacité du Digital Learning. Et tout le monde doit s’y mettre.

Les organismes

La position des organismes de formation vis-à-vis du digital a toujours été très ambivalente : d’un côté, il faut s’y mettre parce que c’est une demande et une tendance du marché, d’un autre côté il faut être prudent, car cela met en danger le modèle économique.

Ils ont adopté en urgence la classe virtuelle, car elle a permis de résoudre le problème de la distanciation (la seule adaptation rapide et facile à proposer à leurs offres présentielles), mais ce n’est pas tenable à long terme. La classe virtuelle n’est qu’une des nombreuses modalités qu’il faut déployer pour proposer une alternative soutenable à leurs offres de stage.

Les organismes n’ont plus le choix, ils doivent se transformer rapidement, et ce n’est ni une affaire de marketing ni d’organisation, mais de vision et de compétences.

Ils doivent avoir la volonté et le courage de remettre en question toutes leurs convictions pour devenir leur propre concurrent, adapté aux nouvelles contraintes, et capable de les remplacer.

Pour cela, il faut passer en mode commando le plus vite possible pour :

  • définir une nouvelle stratégie et pas seulement ajuster la précédente ;
  • élaborer un nouveau modèle pédagogique et économique, changer les unités de mesure de rentabilité ;
  • se donner les moyens d’investir fortement en période difficile ;
  • changer les états d’esprit pour embrasser l’avenir et pas lui résister ;
  • monter en compétences pédagogiques et technologiques ;
  • apporter du sang neuf en embauchant de nouveaux collaborateurs disposants des compétences manquantes ;
  • se doter d’outils de Digital Learning ;

L’erreur serait de faire des ajustements « à la marge » en attendant les jours meilleurs, et ne jamais les revoir.

Pour réussir cette transformation, les organismes ne peuvent pas se tourner uniquement vers des partenaires ou des sous-traitants, il faut qu’ils internalisent un maximum des compétences nécessaires à la mise en place du Digital-Learning dans leurs offres pour que celui-ci devienne la nouvelle référence.

Ce défi est d’autant plus difficile qu’il va falloir faire beaucoup avec peu, et vite. Pas simple d’adopter l’esprit startup quand on est rentier.

Les formateurs

Jusqu’à présent, le Digital Learning vivait tranquillement sa petite vie à côté de celle des formateurs (ou l’inverse). Seulement voilà, l’avenir n’est pas rose pour eux, il est même sombre : le nombre de jours d’animation s’est réduit comme peau de chagrin et cela risque malheureusement de durer. Ils ont cependant une belle carte à jouer.

Qui sont les vraies forces vives des organismes de formation ? : les formateurs !
Ce sont eux qui conçoivent le déroulé pédagogique et les supports des cours, qui délivrent les formations, qui accompagnent les stagiaires quand il y a un après-formation (quel vilain mot, comme si la formation s’arrêtait quand la porte de la salle se refermait…).

Pour assurer leur avenir, ils doivent apprendre à former et accompagner sans être « à côté » des stagiaires, et si possible en limitant au maximum leur temps devant Zoom ou Teams.

Pour cela, ils doivent rapidement apprendre à :

  • accepter de mettre en boîte son expertise et sa pédagogie, et de ne plus être la vedette ;
  • déstructurer les sessions linéaires en petits grains pédagogiques ;
  • concevoir des supports d’auto-formation en y intégrant leur pédagogie ;
  • produire ces supports avec des outils simples, mais efficaces (si si, ça existe) ;
  • trouver les moyens d’apporter la même valeur d’expertise et de pédagogie en dehors d’une salle et de façon fractionnée ;
  • accompagner à distance ;
  • ajuster leur modèle économique à une autre unité de valeur que le temps.

Comme pour les organismes, faire le dos rond devant Zoom en attendant que le monde redevienne comme avant, c’est faire l’autruche et perdre son temps alors qu’il est urgent de s’adapter.

Les apprenants

Eux aussi ont leur part dans la réussite de la transformation de la formation. Il va falloir passer de l’acceptation résignée du Digital Learning, à une utilisation raisonnée.

Les apprenants ont beaucoup à gagner à s’y mettre :

  • c’est l’occasion d’apprendre à apprendre ;
  • ils maîtrisent mieux le temps et les efforts à consacrer à leur formation ;
  • cela les prépare à mieux profiter de leur CPF ;
  • ils gagnent en autonomie.

Bien sûr, il faut faire partiellement le deuil des avantages de la formation traditionnelle : pédagogie assistée, facilité des échanges, plaisir d’être en groupe… mais résister à l’inévitable changement c’est passer à côté de belles opportunités.

L’ensemble des acteurs de la formation a besoin du soutien des apprenants. Sans eux, sans leurs inscriptions à de nouvelles offres, sans leur implication active, sans leurs réussites, les organismes auront bien du mal à surmonter les grands défis qui les attendent.